Interview - Emmanuel Birnbaum, fondateur de l’École Française de Piano
- École Française de Piano
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Dernière mise à jour : il y a 5 heures

Créateur de l'École Française de Piano et initiateur d'une approche réinventée des cours de musique à travers une pédagogie personnalisée, des professeurs musiciens professionnels et un enseignement à domicile, Emmanuel Birnbaum joue le jeu des questions/réponses. Découvrez son parcours et sa vision.
Pouvez-vous nous raconter votre parcours musical ?
J’ai commencé assez jeune : à six ans, j’ai intégré un double cursus piano et percussion au
Conservatoire de la Ville de Paris. J’y ai reçu une formation exigeante, entouré de
professeurs remarquables. Les années suivantes m’ont conduit à plusieurs prix, puis à mes
diplômes en piano et en percussion, notamment au CRR (Conservatoire à Rayonnement Régional) de Paris et à la Schola Cantorum.
En parallèle, j’ai rejoint l’Orchestre-Atelier Ostinato, où j’ai joué sous la direction de grands
chefs et aux côtés de solistes inspirants. Ce parcours m’a construit autant comme interprète
que comme musicien d’ensemble.
Comment la musique est-elle entrée dans votre vie ? Y avait-il des musiciens dans votre famille ?
La musique occupait déjà une grande place dans ma famille, surtout du côté de ma mère.
Elle-même est pianiste et elle a tenu à transmettre cette passion à mes frère et sœur, ainsi
qu’à moi. Son père, mon grand-père, jouait du violon. J’ai grandi dans un environnement où
la musique faisait naturellement partie du quotidien : écouter, jouer, chanter...c’était une
évidence. C’est donc très tôt que j’ai commencé la musique, comme une langue
supplémentaire.
Pourquoi avoir choisi le piano comme instrument principal ?
Nous avons tous, mon frère, ma sœur et moi, commencé par le piano. C’était un peu « la
base », pour nous familiariser avec la musique. Ensuite, chacun a choisi un deuxième
instrument : ma sœur le violoncelle, mon frère le violon, et moi la percussion. Le piano est
devenu mon instrument principal, mais cette double pratique m’a permis de développer à la
fois l’harmonie et le rythme.
Votre parcours inclut aussi un cursus en percussion : que vous ont
apporté ces deux univers complémentaires ?
La percussion m’a appris la précision rythmique, l’écoute active et le travail d’ensemble. Le
piano m’a donné le langage harmonique et la liberté. L’un nourrit l’autre en permanence.
Cette double culture m’a ouvert à l’improvisation, à la création, et elle influence encore
beaucoup ma pédagogie.
Vous êtes aujourd’hui pianiste improvisateur à la Fondation Jérôme
Seydoux-Pathé. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
C’est une expérience unique : improviser en direct sur les films muets, sans partition, c’est
raconter une histoire en temps réel. La Fondation me fait confiance depuis 2014 et c’est un
privilège de jouer dans ce lieu emblématique du cinéma. L’improvisation me ramène à la
liberté absolue de la musique et de l'expression.
Quels sont les compositeurs ou œuvres qui vous inspirent le plus
aujourd’hui ?
Debussy et Ravel pour la couleur, Chopin et Albéniz pour la poésie, Rachmaninov pour
l’énergie, Bach et Beethoven pour l'architecture, Keith Jarrett et Michel Petrucciani pour la
liberté... Et bien sûr, tous les autres compositeurs et interprètes !
Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir professeur ?
Le désir de transmettre ce que j’ai reçu. J’ai eu des professeurs extrêmement engagés, qui
ont marqué ma vie musicale. Enseigner, pour moi, c’est prolonger cette chaîne et guider
chaque élève vers son propre chemin artistique.
J’aime coacher, encourager, aider les gens à se dépasser. Voir quelqu’un progresser,
gagner en confiance, révéler une musicalité qu’il ne soupçonnait pas...c’est une partie
essentielle de mon métier.
Comment décririez-vous votre approche pédagogique ?
Exigeante et bienveillante. Je crois à une pédagogie structurée, musicale et joyeuse.
Chaque élève avance à son rythme, mais toujours avec un cadre clair : technique,
interprétation, culture, écoute. Et surtout : progresser en apprenant à s'écouter.
Selon vous, peut-on commencer le piano à tout âge ?
Oui, absolument. J’ai vu des enfants de 4 ans comme des adultes de 70 ans progresser et
prendre un plaisir immense. Les enfants apprennent très vite, leur corps et leur écoute se
développant en même temps. Les adultes avancent plus lentement et peuvent rencontrer
quelques limites naturelles, mais leur motivation et leur maturité musicale compensent
largement. Avec un bon accompagnement, on peut commencer à tout âge et prendre un vrai
plaisir à jouer.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui rêve de jouer du
piano mais n’ose pas se lancer ?
Commencez simplement. Le piano n’est pas réservé à une élite. Un bon professeur, un
cadre adapté et une pratique régulière suffisent pour progresser rapidement !
Comment est née l’idée de créer l’École Française de Piano ?
Après des années d’enseignement, j’ai voulu proposer une structure qui associe l’exigence
d’une formation académique à la souplesse des cours particuliers. J’aime entreprendre,
imaginer, construire des projets, et l’École Française de Piano est née de ce désir : créer un
modèle hybride, sérieux, accessible, humain, et tourné vers l’accompagnement
personnalisé.
Qu’est-ce qui distingue l’École Française de Piano des cours
traditionnels en conservatoire ?
Le conservatoire offre l’avantage d’un cadre académique solide et de professeurs qualifiés,
mais il présente aussi des contraintes : on ne choisit pas son professeur, les horaires et
jours sont imposés, et si l’on ne passe pas les examens, on peut rapidement être exclu.
Les cours particuliers, eux, permettent de choisir ses horaires et de suivre les leçons à la
maison, mais n’offrent pas toujours de cadre académique ni de certitude sur la qualité du
professeur.
L’École Française de Piano réunit le meilleur des deux mondes, en supprimant les
inconvénients : les élèves suivent leur cours à domicile, aux horaires qu’ils souhaitent, avec
des professeurs diplômés et expérimentés, tout en bénéficiant d’un cadre académique
facultatif avec concerts, ateliers et examens dans des lieux prestigieux comme la Fondation
Jérôme Seydoux-Pathé ou la Maison de la Radio. On peut profiter pleinement de ces
opportunités sans aucune pression : la participation n’est jamais obligatoire.
Comment le projet s’est-il concrétisé et comment l’école a-t-elle
évolué ?
J’ai fondé l’École Française de Piano en 2015. Au départ, il y avait un professeur et un élève
! Aujourd’hui, l’école rassemble 38 professeurs et plus de 300 élèves. La croissance s’est
faite naturellement, portée par les familles, les élèves, les professeurs, le concept, et notre
exigence constante.
L’école a grandi tout en restant fidèle à sa philosophie : allier rigueur et bienveillance, au
service de la progression de chaque élève.
Envisagez-vous de vous développer dans d’autres villes ?
Oui, potentiellement. Nous avançons étape par étape pour conserver un haut niveau de
qualité. D’autres villes sont à l’étude.
Avec le développement du numérique, que pensez-vous des cours
de piano en ligne ?
Les ressources en ligne peuvent être amusantes, mais elles ne remplacent pas la relation
humaine ni l’accompagnement technique en temps réel. Un professeur présent, qui corrige,
guide, adapte et motive...c’est irremplaçable. Le piano est un art vivant et la présence d'un
enseignant reste indispensable pour progresser sérieusement.
À quoi ressemble votre quotidien ?
Mon temps se partage entre plusieurs activités passionnantes. J’enseigne le piano bien sûr,
et je dirige l’École Française de Piano : suivi du développement, gestion du site internet,
comptabilité, sélection de nouveaux enseignants, gestion commerciale, suivi pédagogique,
organisation du quotidien, etc. Parallèlement, je continue mes activités artistiques :
j’accompagne des films muets à la Fondation Pathé dans le cadre de ses ciné-concerts, je
compose, à la fois de la musique classique et de la musique à l’image, et je pratique la
prestidigitation, notamment la magie par les cartes !
Le mot de la fin ?
La vie est trop courte pour ne pas faire ce que l’on aime !
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